Monaco sur la liste noire de la Commission européenne : quelles conséquences pour la Principauté ?
Le 27 juin 2025, la Commission européenne a proposé une mise à jour de sa liste noire des pays à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Parmi les États nouvellement inscrits figure la Principauté de Monaco, une décision qui soulève de nombreuses interrogations, tant sur le plan juridique qu’économique.
Qu’est-ce que la liste noire européenne ?
La liste noire de la Commission européenne vise à identifier les juridictions présentant des défaillances stratégiques dans leurs systèmes de lutte contre :
- le blanchiment de capitaux,
- le financement du terrorisme,
- et le financement de la prolifération des armes de destruction massive.
Cette liste est établie en cohérence avec les évaluations du Groupe d’action financière (GAFI), organisation internationale de référence en matière de normes de sécurité financière.
L’ajout d’un pays sur cette liste déclenche l’application de mesures de vigilance renforcée pour les opérateurs financiers européens traitant avec les entités ou clients de cette juridiction.
Pourquoi Monaco a-t-elle été ajoutée ?
Selon les autorités européennes, cette inscription repose sur plusieurs constats :
Insuffisances dans le dispositif de surveillance financière, malgré des efforts notables ces dernières années ;
Défaillances persistantes dans la détection et le contrôle des transactions suspectes ;
Un encadrement jugé encore trop faible vis-à-vis des personnes politiquement exposées (PPE) et des bénéficiaires effectifs de sociétés.
Le rapport du GAFI de mars 2024 avait déjà pointé du doigt certaines lacunes structurelles du système monégasque, notamment sur le plan des sanctions effectives et du contrôle prudentiel.
Quelles conséquences économiques et financières pour Monaco ?
Cette mesure risque d’avoir un impact sensible sur la place financière monégasque :
Ralentissement des flux de capitaux en provenance de l’UE ;
Coût de conformité accru pour les institutions financières locales, contraintes de s’adapter à de nouvelles exigences ;
Risque de détournement de certains investisseurs vers d’autres centres financiers jugés plus sûrs.
Elle peut aussi fragiliser les secteurs connexes comme l’immobilier de luxe, la gestion de patrimoine ou encore les services fiduciaires, très sensibles aux problématiques de réputation et de conformité.
Une réponse attendue de la part des autorités monégasques
Monaco s’est engagée dès l’annonce de la Commission à intensifier ses efforts de mise en conformité. Dans un communiqué officiel publié fin juin 2025, le gouvernement monégasque a rappelé son adhésion aux normes internationales du GAFI et souligné les réformes législatives et institutionnelles en cours.
L’objectif est désormais clair : obtenir une sortie rapide de cette liste, à l’image de pays comme le Maroc ou le Panama, qui en ont été retirés après avoir comblé leurs lacunes.
En résumé
L’inscription de Monaco sur la liste noire de la Commission européenne constitue un signal fort en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Si elle est avant tout symbolique, elle comporte des conséquences juridiques et économiques concrètes, susceptibles d’affecter durablement la réputation et la compétitivité du secteur financier monégasque.
Une veille attentive sur les développements réglementaires à venir sera indispensable pour les entreprises, professionnels du droit et investisseurs concernés.