Projet de loi de finances 2026 : les principales réformes fiscales à venir

Le projet de loi de finances pour 2026 s’inscrit dans un contexte budgétaire exigeant : maîtrise des dépenses publiques, recherche de nouvelles recettes, et volonté affichée de rendre la fiscalité « plus juste ».

Les mesures annoncées touchent aussi bien les particuliers que les entreprises et visent à redéfinir plusieurs piliers du système fiscal français.

Plus-values immobilières : un régime en recomposition

La fiscalité des plus-values immobilières évoluerait selon deux mouvements inverses.

D’un côté, une hausse des prélèvements sociaux est envisagée, ce qui renchérirait le coût fiscal des cessions immobilières.

De l’autre, le dispositif d’abattement pour durée de détention pourrait devenir plus favorable, notamment pour les résidences secondaires : l’exonération totale d’impôt sur le revenu interviendrait après 17 ans de détention, et non plus 22 ans. Ce point constituerait un allègement relatif pour les propriétaires de long terme.

Au total, l’impact serait donc variable selon les situations : certains contribuables verraient la charge globale augmenter, d’autres pourraient bénéficier d’une sortie plus rapide de l’impôt sur le revenu, malgré le relèvement des prélèvements sociaux.

Réforme de l’IFI : un périmètre renforcé ?

Le gouvernement envisage également d’ajuster l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Plusieurs pistes sont évoquées, notamment :

un durcissement des règles de déductibilité des dettes

un encadrement renforcé des montages patrimoniaux permettant de minorer artificiellement la valeur taxable

une clarification de la distinction entre holdings animatrices et holdings patrimoniales passives

L’objectif affiché serait d’éviter les stratégies d’optimisation agressive et de renforcer la cohérence avec la future taxation du patrimoine financier.

Cette évolution pourrait modifier sensiblement la base taxable pour certains patrimoines sophistiqués, en particulier ceux structurant leur immobilier au sein de sociétés interposées.

Suppression de certaines aides et niches fiscales

Le texte prévoit une rationalisation des dépenses fiscales, autrement dit la suppression de dispositifs jugés inefficaces ou trop coûteux.

Plusieurs aides à la rénovation, à l’investissement locatif ou à l’emploi pourraient être réduites ou fusionnées.

Pour les entreprises, cela signifie la fin probable de certains crédits d’impôt sectoriels.

Ces mesures visent à simplifier la fiscalité, mais elles pourraient aussi alourdir la charge effective des contribuables qui bénéficiaient jusqu’ici de régimes de faveur.

Barèmes d’imposition : gel temporaire et hausse implicite

Le barème de l’impôt sur le revenu serait maintenu à son niveau actuel. Ce gel, combiné à l’inflation, entraîne mécaniquement une hausse de l’imposition réelle : les revenus augmentent, mais les seuils restent identiques.

Pour les ménages comme pour les dirigeants de sociétés, cette évolution renforce l’importance d’une planification fiscale précise, notamment pour la rémunération et les distributions de dividendes.

Transmission du patrimoine : droits d’enregistrement et successions

Les droits de succession et de donation pourraient connaître un ajustement significatif. Si le gouvernement n’annonce pas de hausse directe, plusieurs signaux laissent penser à une révision des abattements et à un resserrement du dispositif Dutreil pour les entreprises familiales.

Les stratégies de transmission devront être repensées : anticiper, évaluer les impacts et agir avant d’éventuelles modifications du barème.

Hausse des contributions pour les hauts revenus

Les contribuables les plus aisés devraient être davantage mis à contribution. Le maintien, voire le renforcement, des prélèvements additionnels sur les hauts revenus est envisagé.

Cette orientation s’inscrit dans une logique de « justice fiscale », mais elle soulève des questions de compétitivité et de stabilité du cadre fiscal français, notamment pour les dirigeants ou investisseurs internationaux.

Création d’une taxe sur le patrimoine financier

Le projet introduit une nouvelle taxe sur le patrimoine financier, ciblant les actifs liquides et placements détenus via des structures patrimoniales.

Cette mesure, présentée comme un levier d’équité budgétaire, viserait principalement les portefeuilles importants et certaines holdings patrimoniales passives.

Les contours précis restent à définir, mais l’idée est claire : mobiliser une partie du capital financier pour participer au redressement des comptes publics.

Le cas particulier des holdings animatrices

Les holdings animatrices, qui jouent un rôle actif dans la direction et la gestion de leurs filiales, pourraient être exclues du champ de la nouvelle taxe sur le patrimoine financier.

Cette distinction, déjà reconnue par la jurisprudence, deviendra cruciale : les groupes devront être capables de justifier leur caractère opérationnel pour éviter une taxation indue.

Une analyse approfondie de la structure juridique et des fonctions exercées s’impose avant toute réforme.

Régime des LMNP : un modèle en sursis ?

Le régime du loueur en meublé non professionnel (LMNP), souvent critiqué pour sa générosité, fait l’objet d’un réexamen. L’administration envisage un alignement partiel sur le régime des revenus fonciers classiques : amortissements plafonnés, conditions d’éligibilité renforcées et contrôle accru des locations touristiques.

Les investisseurs devront ajuster leurs stratégies, notamment sur la durée de détention et le choix du régime fiscal (micro-BIC ou réel).

Ce que ces réformes changent pour les contribuables et les entreprises

Le PLF 2026 ne se limite pas à une simple adaptation technique : il marque un tournant vers une fiscalité plus centralisée et moins fragmentée.

Pour les particuliers, cela signifie :

une fiscalité patrimoniale plus lourde ;

des abattements plus restreints ;

une vigilance accrue sur les plus-values et les transmissions.

Pour les entreprises :

une réduction des niches fiscales ;

un besoin de planification renforcé ;

une surveillance plus fine de la structure de leurs holdings et de leurs distributions.

Conclusion

Le Projet de loi de finances 2026 s’annonce comme une étape clé de la réforme fiscale française. Plus-values, transmissions, aides fiscales, holdings et taxation du capital : tous les leviers sont mobilisés pour rééquilibrer les comptes publics.

Dans ce contexte, la préparation et le conseil deviennent essentiels. Anticiper, structurer, sécuriser : tels seront les maîtres mots des mois à venir pour les particuliers comme pour les entreprises.